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La momie embaumée de Grottarossa (Rome)

Article paru en 1964 dans la Revue archéologique du Centre de la France :

Après un sommeil d'environ 1 800 ans, est apparu au jour dans la matinée du 5 février 1964, sur la Via Cassia à la périphérie de Rome, d'une façon absolument fortuite, un document mystérieux et précieux. (...)

Cette découverte extraordinaire est celle d'une fillette embaumée, d'une très grande beauté, parée de joyaux précieux d'une très belle facture, dont l'âge semble osciller entre 8 et 9 ans. Elle est apparue, gisant dans un magnifique sarcophage de marbre blanc, coloré en rose, encastré dans les fondations d'un mausolée détruit ; totalement invisible aux yeux des passants, ce sarcophage fut soulevé par un engin mécanique dans un chantier de travaux d'urbanisme sur la via Cassia, au carrefour de la Via de Grottar-rossa.

Ce sarcophage présente sur ses parois et sur son couvercle des scènes figurées en relief ; parmi celles-ci, le Prof. Paribeni a fait remarquer l'existence d'un relief représentant l'un des épisodes mythologiques d'Enée et Didon, tel qu'il est raconté par Virgile dans le livre IV de l'Enéide. (...)

Sur le dessus du couvercle sont représentés des hommes assaillis par des fauves, un de ces hommes courant à cheval vers une barque.

Les caractéristiques de style et de travail du marbre nous font remonter ce monument au milieu du IIe siècle de notre ère. C'est un bon travail de marbre blanc, très fin, provenant probablement de Grèce.

Un élément intéressant à considérer est le fait que la scène représentée commence sur un des petits côtés, se poursuit sur la longueur et se termine sur l'autre petit côté, contrairement à ce que l'on constate sur d'autres sarcophages qui représentent la scène principale, uniquement sur le grand côté.

Les représentations figurées se détachent sur un fonds de paysage avec des branches d'arbres emmêlées.

Le corps de la fillette, entièrement momifié, avec une parfaite conservation des cheveux et des traits, les bras et les jambes restés solidement attachés au tronc, atteint la longueur de 1,28 m.

Complètement nu, le corps fut entouré de larges bandes de lin et de coton. Aux oreilles, deux pendants d'oreilles en forme de cercle, finement travaillés ; autour du cou un collier à gros maillons d'or, séparés par des pierres précieuses, les unes noires très brillantes, les autres bleues opaques.

L'annulaire de la main gauche porte un anneau d'or massif, au dessus incisé en forme de sceau, représentant une victoire ailée, avec un flambeau à la main droite.

L'état exceptionnel de conservation, ainsi que les doigts fuselés et les ongles aigus, ont pu faire penser à un crime caché de date récente, mais l'examen des bandes et des bijoux a révélé le caractère antique, surtout la fermeture des colliers par un crochet en forme d'hameçon.

Le Professeur Cosso d'abord, puis la Doctoresse Caprino, Inspecteur au Musée national des Thermes à Rome, ont établi que le sarcophage remonte au Bas-Empire, vers l'an 200 après J.-C. et que l'enfant descend de quelque puissante famille syrienne ou égyptienne ; car les bandes et les lambeaux d'étoffe couvrant son corps nu sont du type oriental et elle n'avait pas, suivant la tradition, une monnaie entre les lèvres.

Comme le montre le luxe funéraire de la défunte ainsi que les bijoux avec lesquels elle fut ensevelie, la « Momie de la Via Cassia » est certainement celle d'une jeune fille appartenant à une importante famille de l'époque, probablement venue d'orient à Rome et dont les possibilités n'étaient pas communes.

Un autre argument de la richesse de la famille à laquelle appartenait la fillette réside dans le luxe du mobilier funéraire : une grande poupée, une figurine en bronze (à laquelle manque une main), une petite amphore, deux petits vases et un récipient en forme de petite marmite.

Le 7 février 1964, Mme le Professeur Caprino, de la Surintendance aux Antiquités de Rome, a signalé un fait curieux (que pourront constater les visiteurs lorsque la momie sera exposée), c'est que l'aspect du visage d'un surprenant état de conservation n'est plus le même que sur les photographies mises en circulation immédiatement après la découverte.

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L'adolescente, encore très jeune, fut déposée au sein de la terre, avec un joli minois cerné par deux bandeaux de cheveux très noirs, les lèvres serrées dans un silence, dans une pose hiératique, semblable à une poupée dans un coffret de marbre, entourée de ses objets les plus chers, ses colliers, sa petite poupée, ses petits vases pour jouer.

Les conclusions auxquelles se sont ralliés les experts sont que l'enfant d'un homme politique romain, d'une position sociale assez aisée, morte en Egypte, embaumée en ce pays, fut ramenée ensuite à Rome et ensevelie dans un sarcophage romain, parée de bijoux romains et accompagnée de sa poupée et de divers objets de facture romaine certaine. (...)

Castellani Osvaldo : « La momie de Grottarossa », in Revue archéologique du Centre de la France. Tome 3, fascicule 2, 1964. pp. 138-142.

Autre article daté de 1966 :

La momie trouvée à Rome le 5 Février 1964, près de la Via Grottarossa, était celle d’une fillette âgée de huit ans environ. Elle reposait dans un riche sarcophage, accompagnée de quelques objets. Un anneau-sceau orné d’une victoire ailée et son embaumement suggéreraient l'appartenance de l’enfant à la gens Cornelia. Le décès semble s’être produit en Egypte et le corps embaumé fut ensuite transporté à Rome pour y être enterré. Il se peut que la fillette, tuberculeuse, ait été envoyée dans la vallée du Nil, dont le climat était bien connu pour être favorable aux affections pulmonaires, et qu’elle y soit morte durant la deuxième moitié du lie siècle de notre ère.

Rosangela Mura,« Uno studio di U. Scamuzzi sulla fanciulla di Grottarossa », in Archeologia, V, no 36, 1966, p. 259-260.

Coupures de presse :

La-Stampa-13-febbraio-1964

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Chicago Tribune Feb. 10, 1964

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Photos :

racf 0035-0753 1964 num 3 2 T1 0139 0000

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