La bête du Limousin
Soixante-dix ans avant la Bête du Gévaudan, une autre créature sema la terreur dans la région voisine, en Limousin. Entre 1698 et 1700, des dizaines de jeunes bergers et bergères sont retrouvés massacrés dans les campagnes de la Creuse et de Haute-Vienne.
Ce 26 septembre 1700, le village creusois de Banize porte le deuil. Au cimetière, on amène ce qui reste du frêle corps de Louise Ponsat, quatre ans. La veille, « une bête féroce et inconnue » l'a dévorée. Comme d'autres avant.
Depuis deux ans, une étrange « male bête » sème la terreur en s'attaquant aux jeunes bergers et bergères des environs. Autour de Sauviat-sur-Vige, en Haute-Vienne, on signale une trentaine de victimes, égorgées ou décapitées. Au Nord de la Creuse, plus de 100 personnes auraient été blessées ou tuées, selon les prêtres des ces paroisses.
Créature diabolique des sorciers
Dans ce paysage rugueux où les maisons sont éloignées les unes des autres, on craint désormais de s'aventurer au milieu des pâturages, on tremble en frôlant les haies d'où pourrait jaillir le monstre. On dit même qu'il s'approche jusqu'au seuil des maisons...
Les témoins évoquent une bête plus massive qu'un loup, « la tête fort grosse », formée comme celle d'un lévrier, la queue touffue, de grands ongles, le poil rougeâtre, une marque noire le long du dos. Les Nobles de la Creuse pensent à une panthère, des paysans parlent d'une « créature diabolique » animée par des sorciers. La peur redouble d'autant plus que le prédateur échappe à toutes les battues.
Les principales sources écrites de l'époque proviennent surtout des registres paroissiaux. Certains écrits catholiques évoquent un « fléau envoyé par Dieu » et une bête dont les oreilles ressembleraient à des cornes (du diable?).
Ainsi, plus de 70 ans avant la célèbre Bête du Gévaudan, le Limousin semble avoir été la cible d'une menace similaire. Et un même mystère entoure cet épisode sanglant puisqu'aucun enquêteur n'a livré la clé de l'énigme.
L'un des principaux documents qui nous ait révélé ce fait singulier et totalement oublié de nos jours, est un livre édité en 1699 dont l'auteur se présente comme un "prêtre missionnaire anonyme"... nous en donnons ci-après une réedition de 1783, scannée par Google et convertie en fichier PDF. Ce livre demeurent le matériau de base de ceux qui, aujourd’hui encore, s’intéressent à la bête du Limousin...
Voyez à partir de la page 32 (29) :
