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Lumière sur les lampes perpétuelles

La description de lampes perpétuelles, inextinguibles, éternelles, dites parfois sépulcrales, remonte à la plus haute Antiquité… et personne n’enquête sur elles

De nombreux auteurs juifs, grecs, romains, arabes et médiévaux, ont rapporté les découvertes de ce type de lampes dans des tombeaux et des temples, surtout en Egypte.

Certaines de ces histoires sont peut-être controuvées et inventées, mais certains faits demeurent… dont ceux-ci :

La Bible, par exemple, au chapitre 27 de l'Exode, verset 20, décrit le tabernacle des Hébreux décoré d’une lampe de cette nature.

Temple RomainNuma Pompilius, le second roi de Rome (environ six siècles avant notre ère), outre sa légendaire capacité à maîtriser la foudre, passait pour posséder une lampe éternelle dans le dôme de son temple [1]. Plutarque écrivit qu’une lampe était constamment allumée à l’entrée du sanctuaire de Jupiter-Amon. Les prêtres lui avaient affirmé qu’elle brûlait ainsi depuis des années et que ni le vent ni l’eau ne pouvaient rien contre sa flamme [2] [3].

En l’an 70 de notre ère, l’historien grec Pausanias vit dans le temple de Minerve une lampe en or qui éclairait durant une année sans qu’on ait besoin de la remplir d’huile [4].

L’auteur satirique grec Lucien (120-180 de notre ère) qui fit un récit détaillé de ses voyages, nous a laissé une description des merveilles qu’il a vues au cours d’un voyage à Hiérapolis, en Syrie du Nord. On lui a montré un joyau incrusté dans la tête en or de Héra; de ce bijou émanait une grande lumière... « et le temple entier rayonne comme s’il était éclairé par des myriades de cierges ».

Autre miracle : les yeux de la déesse vous suivaient lorsque vous vous déplaciez. Lucien n’a pas fourni d’explication de ce phénomène, les prêtres se sont refusés à lui dévoiler leurs secrets [5]

Les mystères du temple dédié à Jupiter, à Baalbek (actuel Liban) sont associés à ceux des « pierres lumineuses ». L’existence de ces pierres qui, dans les temps anciens, éclairaient les palais durant la nuit ne peut être mise en doute car de nombreux auteurs en ont parlé.

Chez les Egyptiens, les Grecs et les Romains, on avait généralement l’habitude d’éclairer l’intérieur des sépulcres, peut-être en hommage à la déesse de la Mort, peut-être parce qu’on croyait ainsi aider les défunts à trouver leur chemin à travers la « Vallée des ombres ». Plus tard ces lampes mystérieuses furent remplacées par d’autres plus petites contenant de l’huile.

Ce qui paraît le plus étrange ce sont ces flammes qui brûlaient encore lorsque des « profanateurs » pénétrèrent dans des tombeaux murés depuis des siècles...

st augustinSaint Augustin (354-430) donna la description d’une lampe merveilleuse dans l’un de ses ouvrages. Elle était en Egypte, au sanctuaire d’Isis et Saint Augustin assure que ni le vent ni l’eau ne pouvaient l’éteindre. Sous le règne de Justinien, empereur de Byzance (VIe siècle), une lampe perpétuelle fut trouvée à Antioche. D’après l’inscription gravée sur cette pièce, elle devait avoir fonctionné plus de cinq cents ans [6].

Lorsque la sépulture de Pallas, fils d’Evandre, immortalisé par Virgile dans l’Enéide, fut ouverte près de Rome en 1062, on trouva la tombe illuminée par une lanterne perpétuelle qui avait brillé plus de deux mille ans [7]

lampes antiques

Un sarcophage contenant le corps d’une jeune patricienne fut trouvé à Rome [8], sur la voie Appienne, en mars 1485. Quand le sombre revêtement qui préservait le corps de la décomposition fut enlevé, la jeune femme, avec ses lèvres rouges, ses cheveux noirs et ses traits délicats, paraissait vivante. Elle fut exposée à Rome et admirée par vingt mille personnes. Lorsque son mausolée, jusque-là inviolé, avait été ouvert, une lampe y brillait et cette lumière inattendue effraya tant les chercheurs qu’ils la brisèrent. Elle devait brûler depuis mille cinq cents ans ! [9]

Autre témoignage : Charles Galliot, dans son Histoire de la province de Namur (t. 1, Liège, 1788, pp. 43-44.), avance qu'...

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Quant à Athanase Kircher, dans son Œdipus Aegyptiacus (Rome, 1652), il fait état de lampes allumées découvertes dans certains hypogées de Memphis, en Egypte.

huc-7w4yLe Tibet est également connu pour avoir possédé des lampes miraculeuses qui brûlaient indéfiniment, le père Régis Evariste Huc (1813-1860) y prétend avoir examiné l’une des lampes qui brûlent d’un feu perpétuel « inextinguible ».

 

Sur la nature de ces étonnantes lampes

Personne n’est encore arrivé à donner des réponses satisfaisantes aux deux principales questions que nous nous posons : Comment furent fabriquées les lampes ? D’où provenait leur énergie propre?

Les Rose-Croix revendiquent l’héritage de « la lumière éternelle » en déclarant que lorsque la tombe de Christian Rosenkreutz fut « violée », on vit trembler une flamme qui avait été allumée cent vingt ans auparavant.

Au début du vingtième siècle, on reparla du mystère du « feu éternel » à la suite de découvertes faites en Egypte et aux Indes. Naturellement les Rose-Croix parlent toujours de « mystérieuse substance alchimique » mais ils ne peuvent en fournir aucune preuve concrète.

Fulcanelli-1880L'Alchimiste et Adepte Fulcanelli, dans ses Demeures philosophales (Paris, Jean Schemit, 1930), nous parle de ces lampes perpétuelles en faisant clairement référence à la fameuse Pierre Philosophale :

« Les maîtres de l’art nous apprennent que le but de leurs travaux est triple. Ce qu’ils cherchent à réaliser en premier lieu c’est la médecine universelle ou pierre philosophale proprement dite. Obtenue sous forme saline, multipliée ou non, elle n’est utilisable que pour la guérison des maladies humaines, la conservation de la santé et l’accroissement des végétaux. Soluble dans toute liqueur spiritueuse, sa solution prend le nom d’Or potable parce qu’elle affecte une magnifique couleur jaune. Sa valeur curative et la diversité de son emploi en thérapeutique en font un auxiliaire précieux dans le traitement des affections graves et incurables. Elle n’a aucune action sur les métaux, sauf sur l’or et l’argent, avec lesquels elle se fixe et qu’elle dote de ses propriétés, mais, conséquemment, ne sert de rien pour la transmutation. Cependant, si l’on excède le nombre limite de ses multiplications, elle change de forme et, au lieu de reprendre l’état solide et cristallin en se refroidissant, elle demeure fluide comme le vif-argent [le mercure métallique, ou hydrargyre] et absolument incoagulable. Dans l’obscurité, elle brille alors d’une lueur douce, rouge et phosphorescente, dont l’éclat reste plus faible que celui d’une veilleuse ordinaire. La médecine universelle est devenue la "Lumière inextinguible", le produit éclairant de ces lampes perpétuelles, que certains auteurs ont signalé comme ayant été trouvées dans quelques sépultures antiques. Ainsi radiante et liquide, la pierre philosophale n’est guère susceptible, à notre avis, d’être poussée plus loin : vouloir amplifier sa vertu ignée nous semblerait dangereux, le moins que l’on pourrait craindre serait de la volatiliser et de perdre le bénéfice d’un labeur considérable. Enfin, si l’on fermente la médecine universelle, solide avec l’or ou l’argent très purs, par fusion directe, on obtient la Poudre de Projection, troisième forme de la pierre. C’est une masse translucide, rouge ou blanche selon le métal choisi, pulvérisable, propre seulement à la transmutation métallique. Orientée, déterminée, et spécifiée au règne minéral, elle est inutile et sans action pour les deux autres règnes.»

Notes :

  • [1] « Des Phosphores Naturels et Artificiels, et des Lampes Perpetuelles » in Recreations mathématiques et physiques, Jacques Ozanam, Jombert, Paris , 1735, t. IV, p. 282.
  • [2] Ibidem, pp. 282-83.
  • [3] Oeuvres morales de Plutarque, éd. Didier, 1844, Paris, t. II, p. 291.
  • [4] « (...) on ne la remplit d'huile qu'une fois par an, et elle brûle jusqu'à pareil jour de l'année suivante, quoiqu'elle soit allumée jour et nuit. » Pausanias, Description de la Grece, t. I, L'Attique, C. XXVI. (trad. de M. Clavier, Paris, 1821).
  • [5] « (...) cette statue porte sur sa tête un diamant qu'on appelle la lampe. Ce nom lui vient de son effet. Il jette durant la nuit une lueur si vive, que le temple en est éclairé comme par des flambeaux ; dans le jour, cette clarté est beaucoup plus faible ; la pierre conserve pourtant une partie de ses feux. Il y a encore dans cette statue une autre merveille. Si vous la regardez en face, elle vous regarde ; si vous vous éloignez, son regard vous suit. Si une autre personne fait la même expérience d'un autre côté, la statue en fait autant pour elle. » Lucien de Samosate, Oeuvres complètes, C. LXXII (trad. nouvelle)
  • [6] La Cité de Dieu de saint Augustin, trad. Pierre Lombert, Paris, 1701, p. 584.
  • [7] « Tune corpus Pallantis, filii Evandri, de quo Virgilius scribit, romae repertum est illibatum, ingenti stupore omnium, quod tot secula incorruptione suî Superaverit (...) Ardens lucerna ad caput inventa, arte mechanica ut nullius flatus violentia, nullius liquoris aspergine valeret extingui. Quod cum multi mirarentur, unus (ut semper aliqui solertius ingenium in malis habent) stylo subtus flammam foramen fecit. Ita introducto aere ignis evanuit ». Guillaume de Malmesbury, Gesta regum Anglorum, chap. XXIX.
  • [8]  Selon certains auteurs, cette jeune femme n'était autre que Tullia, la fille de Cicéron, décédée en 45 av. J.-C.
  • [9] Journal des sçavans, 1681, p. 118.

Bibliographie :

  • Andrew P. Tomas, We are not the first - riddles of ancient science. G.P. Putnam's, 1971.
  • Des lampes inextinguibles à la lumière éternelle, par Antoine Plussihem (Revue Nouvelle planète).
  • Im verlorenen Paradies. Neun Jahre Irak. Rohrer, Baden bei Wien u.a. 1940.
  • A Hyatt Verrill : Old Civilizations Of The New World, 1942.
  • Dictionnaire encyclopédique des amusemens des sciences mathématiques et physiques, Jacques Lacombe, 1792, pp. 641-645.
  • L'antiquité expliquée et représentée en figures: Tome cinquieme, Seconde partie, Bernard de Montfaucon, 1722. pp. 208-218.
  • « Des Phosphores Naturels et Artificiels, et des Lampes Perpetuelles » in Recreations mathématiques et physiques, Jacques Ozanam, Jombert, Paris , 1735, t. IV.
  • De Lucernis antiquorum reconditisNicolai Schiratti, 1653.

Table des illustrations :

  • 1) Croquis des trois pièces de la pile de Bagdad.
  • 2) Un bas-relief dans les cryptes du Temple de Dendérah, où l'on peut voir l'étonnante structure ressemblant à un étrange système d'éclairage.
  • 3) Temple Romain. Gravure dessinée par F. Kargl, gravée par G. Niemann. 1850.
  • 4) Saint Augustin
  • 5) Lampe en bronze romaine trouvée à Nimes, gravure extraite des Monumens antiques, inédits ou nouvellement expliqués, par Aubin-Louis Millin (pl. XXII du t. II, Paris, 1806)
  • 6) Régis Evariste Huc
  • 7) Fulcanelli