La bête du Gévaudan (article et documentaire)

Devant l’incapacité des autorités locales à mettre fin au carnage, le roi, qui devenait la risée des autres cours européennes, envoie sur place un régiment de dragons. Malgré d’incessantes battues, celui-ci ne parvient pas non plus à capturer « la bête ». Excédé, le souverain dépêche alors sur les lieux François Antoine, lieutenant des Chasses royales, réputé être un fusil hors pair.

Après plusieurs mois d’efforts, ce dernier parvient à tuer un loup de gros gabarit, le fait empailler et l’expédie à la cour.

Dès lors, l’affaire semble close. Pourtant, les attaques de « la bête » reprennent peu après et ne s’arrêteront que le 19 juin 1767, après que Jean Chastel, le garde forestier, eut tué un nouveau loup...

Que devons-nous penser aujourd’hui, après de nombreuses études, de l’identité de cette fameuse « bête » ?

Il convient d’abord de noter qu’à aucun moment les témoins n’évoqueront le loup, pourtant bien connu à cette époque, mais toujours « une bête avec une grosse tête, des flancs rougeâtres, une queue touffue et de grandes griffes ».

D’autres animaux ont également été évoqués : une panthère, un lynx, un ours, ou une hyène qui aurait pu s’échapper d’un cirque, mais aucune trace d’un tel animal n’a jamais été trouvée.

Par ailleurs, plusieurs victimes furent découvertes déshabillées et atrocement mutilées, - décapitation, ablation du sein, blessures sexuelles -, ce qu’on peut difficilement attribuer à une bête, qui, par définition, ne ritualise pas la mort.
On note également qu’à plusieurs reprises « la bête » a été gravement blessée soit par balle, soit à l’arme blanche, au point qu’il était impossible pour elle de survivre. Comment dans ces conditons expliquer que ce serait une seule et même « bête » qui aurait commis toutes ces agressions ?

Enfin, certaines périodes sans massacres posent problème : pourquoi l’hécatombe s’est-elle arrêtée pour reprendre ensuite ?

D’après les plus récentes théories, il apparaît qu’un personnage pourrait bien être la clé de l’affaire : Jean Chastel, celui-là même qui fut reconnu avoir tué « la bête ». De nombreux éléments troublants viennent même appuyer la thèse qu’il pourrait être le principal initiateur de ce massacre.

D’abord, le carnage s’est précisément arrêté lorsque Jean Chastel fut incarcéré sur l’ordre de François Antoine. Ensuite, le jour où il tua la bête, celle-ci vint à lui comme s’il se fut agi d’un animal domestique, ou tout au moins dressé, qui ne le craignait pas. Et, quand la bête fut tuée, plus aucun crime n’eut lieu...

D’après de récentes études faites par le Muséum d’histoire naturelle, il ressort que la bête tuée par Jean Chastel était un hybride de chien et de loup qui avait pu être domestiqué et dressé à tuer. Ce qui fait dire à certains que le maître et la bête « chassaient » en meute...

D’autres exégètes suggèrent qu’il y avait plusieurs criminels, des hobereaux locaux, et plusieurs « bêtes », ce qui expliquerait que malgré des blessures mortelles, la bête du Gévaudan ait pu continuer à tuer. Quelques-uns, enfin, persistent à penser qu’il s’agissait bien de loups, lesquels se seraient amadoués depuis deux siècles au point de craindre l’homme...