Le Disque de Phaistos : l'un des plus grands mystères de la cryptologie

Au début du mois de juillet 1908, Luigi Pernier, un jeune archéologue italien, effectuait des fouilles sur le site du palais minoen de Phaistos, sur la côte sud de la Crète.palais-Phaistos

En pleine chaleur estivale, il travaillait dans la pièce principale du sous-sol d'un temple, lorsqu'il trouva un disque de terre cuite recouvert de craie et parfaitement intact, de 15 cm de diamètre et 1 cm d'épaisseur. [1]

Les deux faces du disque étaient recouvertes de mystérieux hiéroglyphes, 241 au total, qui formaient une spirale allant du bord vers le centre. Sur les 45 glyphes répertoriés - ces figures symboliques gravées ou sculptées -, plusieurs représentaient des éléments du quotidien : homme, poisson, insecte, oiseau, bateau, etc.

Ces symboles ont beau être facilement reconnaissables, leur signification n'a cessé d'intriguer les archéologues comme les cryptologues, depuis la découverte du disque il y a un siècle.

Le problème, c'est qu'aucun autre vestige comportant une écriture similaire n'a été trouvé, ce qui laisse seulement 241 caractères comme base de travail pour qui voudrait les déchiffrer. Ce manque d'informations est d'autant plus frustrant que, de l'autre côté de la Crète, sur le site du palais minoen de Cnossos, les archéologues ont découvert des centaines de tablettes rédigées dans deux écritures anciennes, qu'on appelle linéaire A et linéaire B.

L'écriture la plus ancienne, le linéaire A, n'a jamais été déchiffrée. Le linéaire B, en revanche, qui date des XIVe et XIIIe siècles avant J.-C., a été déchiffré dans les années 1950, lorsque l'architecte anglais Michael Ventris a découvert que les tablettes étaient rédigées dans une forme archaïque du grec ancien.

Hélas pour ceux que le disque de Phaistos fascine, le texte ne serait pas assez long pour être déchiffré avec certitude…

Disque de Phaistos1
Certains archéologues amateurs pensent qu'il s'agirait d'une sorte de prière, d'autres d'un calendrier, et d'autres encore d'un appel aux armes. Certains ont même émis l'hypothèse qu'il s'agirait d'un ancien jeu de société ou d'un théorème de géométrie.

L’hypothèse de Svoronos

Anthony P. Svoronos, un mathématicien originaire de Crète, s'intéresse depuis très longtemps aux secrets du disque. Il gère aujourd'hui un site Internet recensant toutes les hypothèses qui ont été proposées. [2]

« La caractéristique la plus frappante de ce disque, à mon avis, c'est la technique qui a été utilisée pour le fabriquer, explique Svoronos. Il a été estampé à l'aide de plusieurs sceaux. La fabrication de ces sceaux a exigé un grand effort, par conséquent, on peut supposer qu'ils ont servi à produire un grand nombre de documents. Or ce disque est le seul objet estampé avec ces sceaux qui soit parvenu jusqu'à nous. »

Autre aspect intéressant : les signes qui figurent sur le disque sont extrêmement détaillés.

crete-phaistos

« Seules les suppositions fantaisistes parviennent à concilier ces différentes caractéristiques, ajoute le mathématicien. Voici l'explication que je privilégie : le disque de Phaistos serait une question posée à un oracle, et le rituel exigerait que l'objet qui porte la question soit détruit pendant le processus de divination. »

Cette théorie expliquerait pourquoi, même si de nombreux textes avaient été fabriqués, tous auraient été détruits...

« Bien sûr, c'est une manière un peu farfelue d'interpréter les événements qui se sont déroulés à Phaistos », admet Svoronos.

Mais il souligne que d'autres éléments relevés dans cette région pourraient crédibiliser cette hypothèse. On a par exemple trouvé sur l'île de Kéros des traces archéologiques d'un culte antérieur à l'époque où fut fabriqué le disque de Phaistos, culte pour lequel des statuts rituelles de grande valeur étaient volontairement détruites. Et, dans l'oracle de Dodone, qui est très ancien et peut-être antérieur au disque de Phaistos, on a trouvé des tablettes en plomb contenant des requêtes adressées à l'oracle.

Que cette interprétation soit la bonne ou non, le monde entier attend avec impatience une réponse définitive à cette mystérieuse énigme.

Note :

Bibliographie :

Casseurs de code : Les décryptages historiques et les secrets de professionnels. Stephen Pincock, Marc Frary. Acropole Belfond, 2008.

J. Faucounau : « L'énigme du disque de Phaistos : où en est-on aujourd'hui ? », in L'antiquité classique, T. 67, 1998. pp. 259-271.

Table des illustrations :

  • 1) Palais de Phaistos
  • 2) Disque exposé au musée d'Héracklion
  • 3) Les 45 signes différents du disque

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Commentaires  

#6 Traduire?Phaistos

1 - Le disque de Phaïstos est assimilable à un message codé selon un système de Vernam . Ce système de cryptographie consiste à utiliser une clef différente et de même longueur que celui-ci pour chaque message. Quelle que soit la puissance de calcul dont il dispose et qui l'autoriserait à utiliser toutes les clefs possibles, le déchiffreur n'obtiendrait au mieux que tous les textes clairs de même longueur que le message chiffré sans pouvoir décider lequel d'entre eux est le bon.
La clef, le code unique ici, est une langue qui fut sans doute abondamment employée , mais perdue, obstinément inconnue, et devenue de ce seul fait le chiffre exclusif demandé par le système de Vernam.
Toutefois les progrès des outils mathématiques et des puissances de calcul exigent désormais que la clef soit rigoureusement aléatoire. Ce qui n'est, d'évidence, pas le cas d'une langue structurée par sa morphosyntaxe. Il est concevable qu'à force d'acuité d'analyse et de puissance d'ordinateur les récurrences les plus subtiles ne puissent être mises à jour . Mais une fois ces liens entre les signes et les ensembles de signes démasqués il resterait à rapprocher ces traits de ceux d'une langue connue. Situation similaire à celle des déchiffreurs japonais qui disposaient d'heures d'enregistrement des opérateurs radio américains, mais qui ne purent jamais ramener leurs analyses au cherokee employé cependant en clair.
Avancer d'un pas est donc (théoriquement) possible. Certains affirment l'avoir tenté, et réussi. Cependant ils restent si évasifs sur le détail de leurs méthodes et de leurs calculs, sans que les raisons de leur silence paraissent pertinentes, qu'ils rendent impossibles toute vérification et toute critique. Ce seul fait entache de suspicion leur travail. S'ajoute qu'arrivé à ce point le choix final de la langue ou la famille de langues dans laquelle transposer ne dépend alors plus de la pertinence des algorithmes ou de la puissance de calcul mais relève d'hypothèses qui mériteraient d'être solidement étayées. Pour l'instant elles sont peu convaincantes et in-confirmables tant que le disque reste un unicum. De surcroît ceci n'évacue pas l'éventualité d'une langue définitivement perdue et sans sœur, cousine, parente, ascendance ou descendance connues …
Ainsi compris "traduire" le disque ne dissoudrait donc pas l'obscurité, mais la déplacerait.

2 - Il existe, au moins, une centaine de "traductions" du Disque, en moyenne une par an depuis sa découverte! Prêter une valeur phonétique aux signes, supposer les absents puis imaginer ou attribuer un lexique et une grammaire ne sont donc pas des tâches hors de portée.
Cependant toutes ces "traductions" sont non scientifiques par constitution, car non vérifiables ("non révocables"). L'unique preuve scientifique que serait la traduction réussie d'un autre texte par un autre chercheur suivant les mêmes hypothèses est impossible ici . N'importe qui peut donc prétendre avoir traduit le Disque avec tout autant de raison que les autres, et – pour le moment, hélas! – sans aucun risque d'être démenti. Il s'en suit donc qu'il est inutile d'entrer dans le détail de chacune des hypothèses, aventureuses souvent, de relever les faiblesses logiques et les raisonnements mal articulés, l'ignorance ou le déni, quelquefois revendiqués, des multiples travaux universitaires, ou encore l'imagination échevelée de quelques uns de ces traducteurs… Sans intérêt également de relever que la "summa ratio" selon laquelle les hypothèses, et la méthode, sont justifiées par le "succès" de la traduction n'est qu'un raisonnement circulaire. Ou encore de rappeler que le disque a déjà été rapproché sans succès d'à peu près toutes les langues possibles, y compris quelques unes à peine connues: grec sous toutes ses formes, louvite, hébreu, sémitique, étrusque, élamite, hourrite, lycien etc… par des universitaires compétents, spécialisés et exigeants! Traduire est par conséquent ici une tâche vaine.
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#5 Interprétation du disque de PhaistosMr Batman

Bonjour, après observation du disque de Phaistos, il me semble que l'auteur ou les auteurs de ces gravures ont peut-être souhaité représenter les différentes saisons ou mois qui se suivent dans tout le cycle d'une année. Ils ont aussi peut-être voulu dessiner les différentes activités qu'ils doivent réaliser dans ce cycle : cueillettes, chasses, offrandes, repas, coutures, fêtes, parures, batailles, naissances, mariages, et autres évènements importants pour leur peuple. Cordialement, Mr Batman
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#4 RE: Le Disque de Phaistos : l'un des plus grands mystères de la cryptologieDaniel PIGNARD

Disque de Phaestos et explications
Le nombre de cases est le même que pour le jeu de l’oie actuel (62 cases).
De plus l’énigme a été résolue par Fernand Crombette il y a bien des années et on peut lire les 2 traductions de ce disque dans son livre « Clartés sur la Crête »
Ce n’était pas un simple jeu, car l’une des traductions donne la règle du jeu du jeu de l’oie, mais une autre traduction (Courant avec les hiéroglyphes) donne l’épopée de Dédale (constructeur du labyrinthe) et d’Icare (son fils) enfermé dans le labyrinthe, d’où la forme en escargot rappelant le labyrinthe.

La méthode de traduction de Crombette, vu qu’il n’avait qu’un dictionnaire latin-copte copte-latin, a été :
Reconnaissance du signe et désignation du rébus en français.
Traduction de cette désignation en latin.
Traduction du latin en copte (langue monosyllabique).
Introduction d’une plasticité dans la consonance copte.
Retraduction en latin quand on y trouve un sens et un contexte.
Retraduction en français.
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#3 disque phaistosmorel

Bonjour,
Vu la matière non noble et sans valeur,on pourrait penser a une liste de courses, une fois effectuée elle était détruite.
Même a cette epoque ils n'avaient sûrement pas tout en mémoire!!!

E Morel
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#2 Eureka!!!nico

Peut etre une sorte de jeu de l'oie.J'trouve ma supposition intéressante en tous cas.
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#1 déchiffrement et usage des choses représentèes sur le dique de phaistoscarvajal

Peut être cela vous intéressera t-il le déchiffrement des objets, pas des personnes, représentées sur le disque?

Je ne fais aucune hypothèse sur la valeur des choses, si il y a cryptage ou pas, si il s'agit d'un texte....

NON, je dis ceci est.

Et je peux dire ceci n'est pas, par exemple contrairement à beaucoup il n y a pas de cul de bœuf sur le disque.
NON.

S. CARVAJAL
Management Stratégique Industriel
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