La chronologie des civilisations... selon les Anciens
- Dossier : Énigmes de l'Histoire
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Pour le savant « mainstream » de l’époque napoléonienne, la Terre et l’homme, créés par Dieu, ne remontaient pas au-delà de quelques milliers d’années. Les Anciens, eux, avaient sur la question une vue différente. Ils croyaient à l’extrême ancienneté du monde et de l’humanité qu’ils évaluaient en dizaines de mille et même en millions d’années !
Pour les brahmanes de l’Inde, la durée de l’univers ou « Jour de Brahma » était de 4 320 millions d’années. Au Liban, les Druzes faisaient remonter le début de la création à 3 430 millions d’années. Actuellement, l’âge de la Terre est estimé, approximativement, à 4 600 millions d’années et la croûte terrestre à 3 300 millions d’années. Un surprenant parallélisme apparaît entre ces chiffres. Plus extraordinaire encore est le fait que les pundits hindous aient calculé le temps en milliards d’années car nous pensions qu’une chronologie cosmique de ce type était inconnue jusqu’à nos jours.
Les auteurs antiques témoignent d'un passé immémorial
Selon Simplicius (VIe siècle de notre ère), les anciens Egyptiens enregistrèrent des observations astronomiques pendant 630 000 ans [1]. Cicéron, tout en se montrant sceptique sur cette prétention, rapporte que les archives de Babylone avaient 470 000 ans d’âge [2]. Hipparque (v. 190-125 av. J.-C.) mentionne des chroniques assyriennes remontant à 270 000 ans [3].
Les prêtres égyptiens dirent à Hérodote (Ve siècle av. J.-C.) que le Soleil ne s’était pas toujours levé au même endroit [4] ; ce qui impliquerait qu’ils avaient tenu registre de la précession des équinoxes qui s’étend au moins sur 26 000 ans.
L’historien grec Diogène de Laërte (IIIe siècle de notre ère) affirmait que les premières observations astronomiques consignées par les prêtres égyptiens remontaient à 49 219 av. J.-C. Il cite également leur notation de 373 éclipses solaires, de 832 éclipses de Lune [5], dont l’observation devait, implicitement, s’être étendue sur une période de 10 000 ans.
L’historien byzantin Georgius Syncellus dit que les chroniqueurs des pharaons avaient consigné tous les événements survenus pendant 36 525 ans [6]. Martianus Capella (Ve siècle) assure dans ses écrits que les sages égyptiens avaient secrètement étudié l’astronomie pendant plus de 40 000 ans avant de divulguer le résultat de leurs travaux [7].
Après le Déluge...
La première dynastie après le Déluge datait, selon les prêtres de Babylone, de 34 080 ans avant leur époque [8].
Hérodote plaçait le règne d’Osiris aux alentours de 15 500 ans av. J.-C. d’après un renseignement reçu des prêtres de la vallée du Nil. Il insista même sur le fait que ses informateurs étaient absolument sûrs de l’exactitude de cette date [9].
D’après Platon, les prêtres égyptiens fixaient la date de l’effondrement de l’Atlantide à l’an 9560 av. J.-C. tandis que les écrits de Zoroastre établissaient le « commencement des temps » vers 9600 av. J.-C.
On peut se demander si toutes ces dates ont une valeur, mais nous ne pouvons refuser d’admettre que les Anciens étaient beaucoup plus près de la vérité que les savants et les clercs d’il y a deux cents ans qui pensaient que le monde avait été créé en l’an 4004, en se fondant sur une étude de la chronologie biblique publiée par l’évêque Ussher.
L’univers des brahmanes était presque aussi vieux que celui de la science moderne. Les chroniques des Egyptiens et des Babyloniens remontent plus haut dans le temps que notre Histoire. Considérant ce que nos archéologues et historiens ont encore à apprendre sur cette question, il serait présomptueux de taxer les Anciens d’exagération.
L’horizon mental des peuples de l’Antiquité était fort étendu et nous commençons à peine aujourd’hui à voir ce qu’ils percevaient parfaitement hier.
Notes :
- [1] Simplicius, In Aristotelis de Caelo Commentaria, 117, 24-27.
- [2] Cicéron, De divinatione, liber I, XIX : « Contemnamus etiam Babylonios (...) condemnemus, inquam, hos, aut stultitiæ, aut vanitatis, aut impru dentiæ, qui CCCCLXX millia annorum, ut ipsi dicunt, monumentis comprehensa continent, et mentiri judicemus, nec sæculorum reliquorum judicium, quod de ipsis futurum sit pertimescere (...) »
- [3] Proclus in platonis Timaeus, Liber I, édit. Bafil., 1534, p.31. Voyez l'édition de 1966, Commentaire sur le Timée, par Proclus, Vol. 1, Librairie philosophique J. Vrin, p.143.
- [4] Hérodote, Histoire, Livre 2, 142.
- [5] Diogène de Laërte, Vies des philosophes, Livre 1, préf. : « Ἀπὸ δὲ τούτου εἰς Ἀλέξανδρον τὸν Μακεδόνα ἐτῶν εἶναι μυριάδας τέσσαρας καὶ ὀκτακισχίλια ὀκτακόσια ἑξήκοντα τρία· ἐν οἷς ἡλίου μὲν ἐκλείψεις γενέσθαι τριακοσίας ἑβδομήκοντα τρεῖς, σελήνης δὲ ὀκτακοσίας τριάκοντα δύο. »
- [6] Corpus Scriptorum Historiae Byzantinae, ... : Georgius Syncellus et Nicephorus, Cp. Vol 2 , (Com.?) Guilelmi Dindorfii, Ed. Weberi, Bonnae, 1829, p. 42.
- [7] Martiani Capellae, De nuptiis Philologiae et Mercurii ..., Lib. VIII, 810, : « Haec enim verceundae arbitror probitatis, motus cursuque proprios ipsis edisserere qui moventur, docereque deaos velle quod faciunt; tum etiam; quod per immensa spatia seculorum, ne profana loquacitate vulgarer, Aegyptiorum clausa adytis occulebar. Quippe quadraginta ferme annorum millia illic reverenti observatione delitui. »
- [8] Mémoires pour servir à l'Histoire du globe terrestre avant le déluge (t. VII) ; Bérose et Annius de Viterbe, ou les antiquités caldéenes (art. 301), Agricol Fortia d'Urban, Paris, 1808,
- [9] Hérodote, op. cit., Livre 2, 145.
Bibliographie :
- Nous ne sommes pas les premiers, Andrew Tomas, éd. Albin Michel, Paris, 1972.
- Encyclopedia of Hinduism, C.A. Jones et J.D. Ryan, Checkmark Books, 2007.
- Nicolas Fréret : « Observations sur les années employées à Babylone avant & depuis la conquête de cette ville par Alexandre », in Histoire de l'academie royale des inscriptions et belles-lettres, t. 16, Paris, 1751, pp. 205-232.
- Histoire ancienne des peuples de l'Orient classique, Gaston Maspero, Hachette et cie, 1895.
- Histoire de l’école d'Alexandrie ..., Jacques Matter, Hachette, 1844.
- La précession des équinoxes a-t-elle été connue des Égyptiens ou de quelque autre peuple avant Hipparque?, Thomas Henri Martin, Impr. Impériale, 1869.
- Oeuvres Morales de Plutarque.
Illustrations :
- 1) La Terre, vue d'artiste.
- 2) Hipparque à l’observatoire d’Alexandrie, illustration extraite de l'ouvrage « Savants de l'antiquité », de Louis Figuier (Librairie Internationale, Paris, 1866).
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