L'aventure sud-américaine des Vikings
- Dossier : Énigmes de l'Histoire
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Parmi les « absences » enregistrées dans le monde précolombien, à côté de celles du fer et de la roue, on mentionne souvent l'inexistence du cheval. Aussi bien, quand, chez les Mayas et Aztèques, on découvrit des représentations de chevaux, on s'étonna avant de reléguer ce genre de détail dans l'oubli, puisqu'on savait qu'il n'existait pas de cheval américain précolombien.
Le chroniqueur Torquemada précise qu'au Guatemala, se trouvait dans un temple une idole peinte, à tête de cheval exorbitée, l'écoulement du sang par les yeux étant encore visible. [1]
De son côté, Stephens Salisbury Jr. (fondateur du Worcester Art Museum), rapporte avoir vu, en 1861, à Xuyum (État de Merida, Mexique) des sculptures représentant des têtes de cheval grandeur nature qui avaient servi à décorer la façade d'un édifice précolombien tombé en ruine. [2]
Quant à Fray Alonso Ponce, un responsable franciscain qui avait visité le Mexique en 1584, il affirme lui aussi que les indigènes du Yucatan connaissaient le cheval, chose prouvable par l'exhumation du jardin du cloître de Merida, avant 1580, d'une très ancienne pierre qui « portait une sculpture représentant une patte de cheval » [3]
Il faut aussi mentionner un dessin figurant sur un rocher de Tumaculopa (dans la vallée d'Oaxaca, au Mexique) et découvert par les Aztèques dix-sept ans avant l'arrivée de Cortez. Il représentait des hommes blancs à cheval parés de costumes « antiques » (du point de vue des Européens du XVIe siècle). [4]
On a, à tort, rapproché ce dessin de l'expédition entreprise par Colomb, en 1502. Les costumes des cavaliers d'Oaxaca étaient ceux de gens d'une époque bien antérieure à Colomb, et il n'y avait pas, à bord des vaisseaux de Colomb, de chevaux susceptibles de fournir un modèle.
Se fondant sur les chroniques et les codex mexicains, Eugène Beauvois (1835-1912), considère que les peuples méso-américains connaissaient le cheval « dès le Moyen Age », et qu'ils en avaient perpétué le souvenir aussi bien par des traditions que par des images. [5]
Enfin - et ce n'est pas le moins remarquable - l'importation de "bêtes de somme" de l'Ancien Monde en Amérique avant 1492, pourrait trouver sa contrepartie dans une tapisserie scandinave d'Överhogdal (fin du XIe siècle) qui comporte un certain nombre d'animaux ressemblant fort à des lamas... [6]
La preuve de la présence historique d'européens en Amérique précolombienne par les animaux domestiques est d'ailleurs loin de se limiter aux chevaux.
Et comme l'avait déjà fait remarquer Frederick J. Pohl, dans son ouvrage « La Découverte de l'Amérique par les Vikings », les explorateurs originaires de Scandinavie amenèrent en outre avec eux vaches, taureaux, moutons, poulets, oies et chèvres... et chiens.
Vers 1904, lors de fouilles archéologiques de la Mission française dans le Désert d'Atacama (Chili), une grotte sépulcrale livra aux scientifiques les restes momifiés d'un homme et de deux chiens.
Ce n'est qu'en 1942 que les vestiges de ces chiens furent étudiés par le docteur Madeleine Friant, pour l'institut français d'études andines, qui conclut que les chiens d'Atacama, au front étroit et à la haute cavité crânienne, étaient tout simplement des bergers danois, proche du chien néolithique de Bundgö - Danemark - mais différents de ceux de nos jours.
Pour justifier la présence de bergers danois sur d'anciens territoires Incas, les scientifiques - qui ne rejettent souvent que les canulars des autres - en fabriquèrent un de toutes pièces.
Ils formulèrent en effet la théorie selon laquelle, lorsque les Norrois du Groenland furent anéantis par les Skrelings (Indiens ou Esquimaux), ces derniers se seraient emparés de leurs chiens, qu'ils transmirent aux Indiens des forêts de l'Amérique du Nord. Par la suite les Nahuas - ancêtres des Aztèques - auraient pris le relais et transporté le chien danois au Mexique, d'où les migrations caraïbes l'auraient tout naturellement légué aux Incas.
Toute cette laborieuse construction pour ne pas admettre l'idée beaucoup plus simple et tout aussi défendable, que des explorateurs venus du Nord de l'Europe auraient pu léguer leurs chiens directement à leurs propres descendants mêlés à l'histoire précolombienne et ainsi découvrir le prolongement sud-américain de l'aventure du Vinland.
Notes :
- [1] «Los ídolos que comúnmente tenían por todas aquellas partes eran figuras de hombres y mujeres, esculpidas en piedras de diversas colores, y de aves, y de otros animales. En cierta parte se halló un ídolo como una cabeza de caballo, como sacados los ojos y los vasos dellos vacíos, y parecían que siempre corría dellos sangre; cosa, dicen, admirable de ver. B. De Las Casas, Apologética historia, ch. 124, extrait à la suite de son Historia de las Indias, éditée par le Marquis de la Fuensanta del Valle, Madrid, 1876, t. V, p. 457. — Cfr. Torquemada, Monarchia indiana, L. VI, ch. 26, p. 54, du t. II de l'édit. de Madrid, 1723.
- [2] Stephens Salisbury, The Mayas, Worcester, 1877, p. 25, cité par Ch. Rau, dans Smithsonian Contributions to knowledge, t. XXII, 1880, p. 67.
- [3] Colección de documentos inéditos papa la historia de España, Madrid, 1872, t. LVIII, p. 444.
- [4] Historia de la fundacion y discurso de la prouincia de Santiago de Mexico, etc., Dávila y Padilla, 1625, L. II, Ch. 90, p. 644.
- [5] E. Beauvois : « Le cheval en Amérique avant l'arrivée des espagnols », Mélanges, Ch de Harlez, 1896, pp. 35-40.
- [6] Les Tapisseries d'Överhogdal : http://www.jamtli.com/core/files/Jamtliverhogdalsbonader.jpg
Bibliographie :
- P. Carnac : Les conquérants du Pacifique, les énigmes de l'univers, Paris, 1975.
- Jacques de Mahieu : « Animaux inattendus en Amérique précolombienne », in Kadath, nº 40, 1980, pp. 35-38.
- E. Beauvois : « le cheval en Amérique avant l'arrivée des Espagnols » Mélanges, Ch de Harlez, Leyde, 1896, pp. 35-40.
- F. Pohl : La découvert de l'Amérique par les Vikings, Paris, 1954.
- Dr M. Friant : « Le chien des Incas précolombiens et la découverte de l'Amérique » L'Ethnographie, nº 58-59, Paris, 1964-1965.
- Dr M. Friant et H. Reichlen : « Deux chiens pré-hispaniques du désert d’Atacama. Recherches anatomiques sur le chien des Incas », in Travaux de l’Institut français d’études andines, II, 1950, pp. 1-18.
- C.-A. Piétrement : Les chevaux dans les temps préhistoriques et historiques (Les chevaux et les chiens en Amérique, pp. 612-707), Baillière et Cie, Paris, 1883.
Commentaires
(Où les multiples migrations humaines en Amérique ?)
-12 000, c'est la date question, mais il est certain que des individus aient survécu quelques milliers d'années de plus.
En revanche, la présence du xoloitzcuintle, m'a toujours surprise.
Enfin, avant la fin du pléistocène, des Européens avaient directement rejoint l'Amérique sans passer par l'Asie, grâce aux chemins de glaces toujours praticables à cette époque.
et ns sommes désormais persuadés que l' Histoire officielle devra être revisitée de fond en comble , car elle ne tient plus debout ! ...