Martyrs, sévice maximum

Humiliées, frappées, torturées, dépecées... Les jeunes femmes du film Martyrs (sortie en 2008) n'échappent à aucun supplice. Depuis toujours, le film d'horreur privilégie les filles - souvent dénudées - dans le rôle des victimes. Parce qu'elles symbolisent l'innocence et la fragilité face à des bourreaux pervers. Parce qu'il faut bien rincer l'oeil du public, également.

Mais ce film de Pascal Laugier (déjà réalisateur de Saint Ange) s'inscrit dans un nouveau sous-genre: le film de torture. Aux Etats-Unis, Saw et Hostel en sont les représentants les plus emblématiques. Le concept est simple: on prend quelques personnes, on les enferme dans une pièce sombre et on leur en met "plein la gueule". Point de surnaturel, de fantastique: juste de la violence crue, cruelle et jusqu'au boutiste.

Elie Roth, metteur en scène de Hostel, assume l'influence de l'actualité sur son cinéma. La guerre en Irak et les photos "volées" d'Abou Grhaib sont passées par là. Le cinéma de genre recrache la barbarie, le sadisme que le monde occidental (les USA, en l'occurrence) a embarqué avec lui tandis qu'il prétendait exporter la "démocratie". Le film d'horreur comme un reflet de la mauvaise conscience.

Le problème est autre avec Martyrs. Problème d'imagerie d'abord. En voyant l'allure des bourreaux du film (des armoires à glace au crâne rasé) et celle des victimes (nues, d'une maigreur spectaculaire), on ne pense pas à Abou Ghraib mais au nazisme.

Problème de discours ensuite: en adoptant la position confortable du "je montre mais je ne dis rien", Laugier se contente de soumettre le public à des images d'ultraviolence sans lui laisser la possibilité de réfléchir à quoique ce soit. Un peu comme les bourreaux de son film qui cognent sans dire un mot.

Le seul enseignement est dispensé en conclusion pour les personnages, dans une sorte de message antichristique: ceux qui acceptent la torture s'en sortent et deviennent des héros. Ceux qui résistent et prient périssent. Reliez cette "maxime" aux quelques lignes plus haut: ceux qui résistent au diable nazi sont des faibles. Ceux qui acceptent leur sort sont braves.

Voir également : une opinion différente sur le film

ft

Ajouter un Commentaire

Echangez vos idées !

Contribuez par vos questions et vos commentaires à l'échange d'informations amorcé par cet article (ou vidéo).
Partagez aussi votre savoir, nous restons à l'écoute !