Mystère en Égypte : la datation controversée du Grand Sphinx de Gizeh
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En disant que le Sphinx pourrait être antérieur à la date que la tradition lui attribue, il semble que j’aie déclenché une controverse dans la communauté égypto-archéologique. Tel n’était pas mon désir. Je voulais seulement défendre l’hypothèse qui, à mon avis, prend en compte tous les indices trouvés. Je ne veux pas être dogmatique — je ne prétends pas détenir la Vérité —, je veux simplement présenter une hypothèse de travail applicable à l’âge du Sphinx. Je souhaite voir la fausseté de mon hypothèse prouvée par un ensemble d’indices plus important que celui qui la corrobore. Cela ne s’est, à mon avis, pas encore produit. Je ne vais pas abandonner mon hypothèse uniquement parce que quelques égyptologues ou archéologues la trouvent dérangeante. Je reste convaincu que l’histoire habituelle racontée par de nombreux égyptologues sur l’âge du Sphinx — c’est-à-dire sa construction par les Egyptiens de l’Ancien Empire, sous le règne de Chéphren — ne tient pas devant un examen approfondi. Je pense qu’il faut peut-être que la communauté égyptologique remette toute cette histoire en question.
Robert M. Schoch (College of Basic Studies, Boston University). (Traduit de l’anglais par Danielle Fitzenz).
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La controverse concernant la datation du Grand Sphinx de Gizeh a fait l'objet d'une telle publicité qu'il n'est pas nécessaire d'y revenir ici en détail. Mais le fond de l'affaire est relativement simple...
On a demandé à Robert Schoch, un professeur de géologie américain, d'évaluer l'âge du Sphinx - que les égyptologues datent de l'Ancien Empire - à partir de ses schémas d'érosion. Schoch et d'autres géologues qui ont examiné l'ouvrage ont conclu que l'érosion est l'oeuvre des précipitations, et non d'une abrasion par le sable comme on l'avait d'abord pensé. En s'appuyant sur ces données, Schoch data sans hésiter le Sphinx de 7000 à 5000 avant J.-C.
Ces données font toujours l'objet de controverses, davantage toutefois chez les égyptologues que chez les géologues. Mais, associées aux connaissances avancées des architectes et des bâtisseurs et aux diverses autres compétences techniques de l'époque prédynastique et de l'Ancien Empire, elles viennent étayer les affirmations de Platon qui prétendait qu'une civilisation a existé en Égypte bien plus tôt que nous ne l'avions d'abord supposé.
Pourtant, même le plus orthodoxe des égyptologues reconnaît que la civilisation de l'Égypte antique semble avoir jailli dans la vallée du Nil aux alentours de 3100 avant J.-C., et dans sa forme définitive.
Les Égyptiens eux-mêmes n'y croyaient pas. D'après Platon (Timée 23e), leurs prêtres prétendaient que leur État avait été fondé environ mille ans après Athènes - autour de 8600 avant J.-C. Des textes retrouvés en Égypte suggèrent un héritage encore plus ancien. Les archives conservées comprennent une liste de rois dressée par un prêtre nommé Manéthon de Sebennytos, qui vécut entre 347 et 285 avant J.-C., et le papyrus de Turin, manuscrit daté de 1400 avant J.-C environ.
La première de ces sources, qui constitue la liste de référence des dynasties de pharaons, affirme qu'il y a eut trois périodes distinctes dans ce qui est maintenant considéré comme la préhistoire égyptienne. Durant la première, une lignée de rois prédynastiques régna pendant 13 400 ans. Une lignée de « rois-Horus » garda le pouvoir pendant 23 000 ans, constituant la seconde période. La dernière, d'après le papyrus de Turin, était une époque de demi-dieux. Le papyrus étant endommagé, nous ne savons pas combien de temps ils ont régné.
Si les égyptologues modernes nomment et datent les pharaons prèdynastiques et de l'Ancien Empire en se fondant sur ces deux documents, ils rejettent les données concernant les époques plus anciennes et relèguent cette partie au rang des mythes. La logique de cette approche est pour le moins contestable.
Bibliographie :
- Le Mystère du Grand Sphinx, Robert Bauval, Graham Hancock, Éditions du Rocher, 2003
- The Atlantis Enigma, Herbie Brennan, éd. Reissue, 2000.
- Gerald Messadie : « Une autre énigme du sphinx », in Science & Vie n°892, 1992, p. 89.
- Histoire de l'astronomie ancienne, etc., J-C. Bailly, 1781.
- Les Dynasties égyptiennes suivant Manethon, etc. François de Bovet, 1835.
- Du système chronologique de Manéthon confronté avec les plus récentes découvertes de l'archéologie. Henri Vollot, 1867.
Photos :
- 1) Sphinx partiellement désensablé (vers 1870)
- 2) Le papyrus de Turin ou Canon royal de Turin, vue d'une partie du Papyrus.
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Commentaires
il serait bien d’arrêter de mettre du crédit à la datation donnée par le "géologue" car cela va dans le sens des fantasmes que certains peuvent avoir....
en aucun cas ces dires ou écrits ne sont prouvés scientifiquement...
C'est affligeant de voir que beaucoup parlent d'ouverture d'esprit alors que dernière cela ne dérange personne de choisir des arguments non fondés uniquement parce qu'ils vont dans le sens de leur pensée. Un peu de sérieux merci.
cordialement.
Un géologue
Il semble pourtant qu'il faille évoquer dans votre article une hypothèse d'archéologues égyptiens, publiée il y a plusieurs années : c'est que le bloc sous-jacent à la statue serait, en effet, bien plus ancien que son couvert.
C'aurait d'abord été un rocher auquel les érosions du sable et de l'eau auraient prêté une forme évocatrice d'un lion à buste d'homme. Il aurait déjà frappé l'imagination des civilisations prédynastiques, c'est-à-dire néolithiques, qui occupaient la vallée du Nil, à l'époque où elle était beaucoup plus humide qu'aujourd'hui. Et les sculpteurs predynastiques auraient accentué une première fois son apparence anthropozoique.
Puis Chéphren aurait, comme c'était fréquent à l'époque les pharaons ne s'embarrassant pas de scrupules pour rebâtir à leur image des monuments existants, remodelé et «rafraîchi» la statue, lui prêtant ses propres traits. C'est-à-dire qu'à la fois Schoch et ses adversaires auraient raison : le Sphinx tel que nous le connaissons a bien été bâti par Chéphren, mais sur un substrat qui serait beaucoup plus ancien.
H.L