Savoirs secrets et perdus dans l'Égypte ancienne
Dans les mastabas de Saqqarah, des égyptologues ont découvert plusieurs jarres à col étroit. Ces jarres sont en diorite, la pierre la plus dure qui soit. Elles sont constituées d'un long col fin et élégant qui prolonge un ventre renflé. Ces récipients, col et ventre, ont été évidés pour ne laisser qu'une coque mince comme une pelure d'oignon. Comment les Égyptiens les ont-ils fabriqués ? Le mystère demeure entier.
Les mastabas de Saqqarah sont parmi les plus anciennes ruines de l’ancienne Égypte. Très étendus, composés de briques sèches, ils furent jadis les tombeaux des rois des premières dynasties. Les chercheurs s'accordent actuellement à penser qu'ils sont antérieurs à 2575 avant J.-C., mais pourraient remonter à 3050 avant J.-C., ce qui signifie que les jarres qu'ils renfermaient ont entre 4000 et 5000 ans.
Aujourd'hui, aucune technique connue ne permettrait de reproduire ces jarres. De l'acier trempé égratignerait à peine un morceau de diorite. Mais même si les premiers Égyptiens disposaient de ce métal - et tous les experts affirment que ce n'était pas le cas -, il est impossible d'imaginer quel type d'outil pouvait être introduit dans le col d'un tel vase.
Même en dehors des jarres retrouvées dans les mastabas, la façon dont les Égyptiens travaillaient la diorite demeure un mystère.
La statue de l'Ancien Empire du pharaon Khephren, taillée dans la pierre sombre de Nubie, demeure l'une des plus belles œuvres d'art du monde, quasi photographique dans la précision des détails. Pourtant, les égyptologues affirment qu'à cette époque, les ciseaux les plus durs étaient en cuivre, métal mou avec lequel il est absolument impossible de travailler cette pierre.
Des milliers de visiteurs de la grande pyramide de Gizeh ont pu admirer le sarcophage en granit qui se trouve dans la chambre du roi, sans réaliser qu'il représentait, lui aussi, un mystère.
L'éminent archéologue britannique Flinders Petrie a posé le problème de la façon suivante : pour creuser le sarcophage dans le bloc de granit initial, il faudrait faire appel à des forets diamantés sous une pression de 2 tonnes. On peut y arriver aujourd'hui sans trop de difficultés, grâce à un outillage électrique. Nous ne savons absolument pas comment les Égyptiens y sont parvenus.
Nous ne savons pas non plus comment les Égyptiens ont réussi à enduire des récipients de cuivre d'un revêtement d'antimoine extrêmement fin. Plus près de nous, le placage des œuvres d'art et des ustensiles était effectué en martelant de minces feuilles de métal - or ou argent, par exemple. Il s'agissait d'un procédé rudimentaire, caractérisé par des traces de marteau et un placage relativement épais. Le placage d'antimoine, trouvé sur les plus vieux objets de l'Ancien Empire et de la période prédynastique, est d'une tout autre nature.
En 1933, le docteur Colin G. Fink, alors chef de la division d'électrochimie à l'université de Colombia, a suggéré que les Égyptiens devaient connaître la galvanoplastie, procédé supposé avoir été découvert au XIXe siècle de notre ère [1].
Mais la chronologie technologique de l'Égypte ancienne est - en elle-même - pour le moins bizarre. Plus on remonte dans le temps, plus les techniques d'artisanats deviennent sophistiqués - ce qui va à l'encontre de la théorie de l'évolution linéaire. Ce schéma apparaît aussi et clairement dans la plus célèbre de toutes les traditions de l'Égypte, la construction des pyramides.
La première pyramide connue est celle de Djoser, à Saqqarah, construite, d'après certaines chronologies, une soixantaine d'années seulement avant la grande pyramide de Gizeh, qui a elle-même suivi une véritable débauche de construction de pyramides attribuées aux pharaons Snéfrou. Il suffit d'observer les dimensions des premières structures dynastiques et de l'Ancien Empire pour entendre une autre histoire.
On estime à 328 320 mètres cubes le volume de la pyramide de Djoser. Les pyramides de Meidum et Dahchour ont respectivement 634 466 et 1 228 776 mètres cubes. Dans le groupe de Gizeh, la grande pyramide de Khéops atteignait un volume de 2 566 026 mètres cubes et celle de Khéphren 2 196 325 mètres cubes. La troisième pyramide de Gizeh, celle de Mykérinos, est beaucoup plus petite, avec 233 612 mètres cubes. Une pyramide inachevée, à Zawiyet el-Aryan, à une base de taille comparable à celle de Khéphren à Gizeh et aurait pu rivaliser en volume avec elle.
Mais lorsqu'on avance dans le temps, la taille de ces monuments commence manifestement à diminuer. Jamais, par la suite, le volume d'une pyramide n'a égalé même celui de la pyramide de Djoser. Rares sont les pyramides plus récentes dont le volume atteignait 190 000 mètres cubes. La plupart atteignaient à peine 76 000 mètres cubes.
La taille n'est bien entendu pas tout, mais la simple qualité de la construction suit exactement le même schéma de déclin. Les plus anciennes pyramides d'Égypte se dressent encore fièrement aujourd'hui et attirent les touristes par millions. Bon nombre de structures plus récentes ne sont guère plus que des tas de gravats.
Tout se passe comme si les Égyptiens avaient connu un jour les secrets de la construction monumentale puis les avaient progressivement oubliés.
Note :
- [1] Colin G. Fink et Arthur H. Kopp : « Ancient Egyptian Antimony Plating on Copper Objects: A Rediscovered Ancient Egyptian Craft », in Metropolitan Museum Studies, Vol. 4, Nº 2, 1933, pp. 163-167.
Commentaires
La mémoire immédiate de l'Homme c'est le temps de sa vie + la mémoire de son père + les vagues souvenir de son grand-père au delà il se réfère à l'Histoire mais notre Histoire à nous, au delà de 500 ans elle commence à s'essouffler, à 1 000 ans elle est hypothétique en grande partie et à 2 000 ans elle devient assez spéculative ! et en 500 000 ans (depuis la découverte et la maitrise du Feu en gros, elle a bien pu connaitre plusieurs cycles...
Alors oui une très bonne question c'est en effet : Comment des gens, sans électricité, sans roue, sans métaux autres que le cuivre, sans système de levage plus performant que les nôtres aujourd'hui qui seraient bien insuffisants, ont-ils pu tailler, sculpter avec parfois des détails impressionnants, déplacer sur des kilomètres parfois, et érigé ou levé à des centaines de mètres parfois, des pierres de plusieurs centaines de tonnes et ce en des temps records ? En effet, il s'agit là d'une très bonne question !
Quand on les archéologues du futur verront les deux lors d'une fouille ils diront ceci:
La cafetière a t elle été introduite sur terre par une espèce extraterrestre? et que le savoir s'est perdu au fil des années transformant l'objet durable et resistant en un amas de petites pièces plastiques de mauvaises qualité et non durables.
La pyramide d'amenemhat faisait parfaitement l'affaire les premières années avec un coût de production peut-être minime par rapport a celle de Khéops.
Sauf que ce n'est pas 6 millions de tonnes de roche... Mais du calcaire... Les seuls parti en granite soutiennent la chambre du pharaon.
Il est curieux de constater qu'un champ d'étude, l’égyptologie, d'une discipline scientifique, l'archéologie, arrive à la conclusion surprenante que, pour édifier la pyramide de Khéops il y a officiellement 45 siècles, des hommes ont extrait, transporté, taillé et mis en place, en 20 ans, 6 millions de tonnes de roche à l'aide d'outils les plus rudimentaires.