Humains : le mythe de l'homme sauvage

19064309Un groupe de chercheurs part dans les Alpes et tombe sur un groupe d'hommes sanguinaires, qui vivent en pleine nature. C’est ainsi que démarre Humains, film d’horreur à la française, sorti en salles en 2009 et massacré par la critique.

Le mythe de l’homme sauvage, qui termine souvent en sauvagerie, a déjà inspiré le cinéma de genre, comme The descent en 2005, où des spéléologues découvraient une communauté souterraine. La symbolique est claire : c’est le refoulé de l’espèce humaine, sa violence intrinsèque qui explose à l’écran, débarrassée du vernis fragile de la civilisation et de la culture.

Mais le film de Jacques-Olivier Molon et Pierre-Olivier Thévenin s’intéresse plus précisément au neanderthalensis. Rappelons que cet Homo vivait il y a 250.000 ans et a disparu il y a 40.000 ans. Les scientifiques l’ont d’abord considéré comme notre ancêtre direct avant de le classer dans une autre espèce, même s’il pourrait avoir un parent commun avec nous : l’Homo Erectus.

L’homme de Neandertal reste encore mystérieux à plus d’un titre. On ignore pourquoi et comment il a disparu du globe, même si la coexistence avec Cro-Magnon, plus développé techniquement, lui a peut-être été fatale. En tout cas, cette énigme a nourri les spéculations de quelques chercheurs audacieux. Certains ont ainsi avancé qu’il pourrait être encore en vie…

Homme de NeandertalBoris Porchnev (1905-1972), historien soviétique, a émis l’hypothèse que le Yéti pourrait être un Néandertalien. Ce qui suppose déjà l’existence de l’abominable homme des neiges comme acquise…

Qu’on considère le Néandertalien comme un Yéti ou comme un monstre, on fait en tout cas perdurer le mythe d’un être dangereux, décérébré et plus proche de l’animal que de l’homme. Une idée fausse, longtemps entretenue par ceux qui refusaient l’idée que d’autres individus aient pu exister à nos côtés. On a d’ailleurs aussi raconté qu’il était cannibale !

En réalité, les fouilles archéologiques n'ont fait que confirmer le contraire : l’homme de Néandertal était doué de comportements sensiblement humains. On a, par exemple, découvert qu'il inhumait soigneusement ses morts, mais ce n’est pas seulement la mise en terre du défunt qui le prouve...

A Shanidar en Irak, on a retrouvé les ossements d’un Néandertalien décédé à l’âge d’environ 40 ans, mort de façon accidentelle, dont les restes permirent de constater qu’il avait souffert d’une malformation congénitale qui faisait de lui un éclopé...

En France, à la Chapelle-aux-Saints, l’homme décédé à quelque 45 ans (limite supérieure d’âge pour les Néandertaliens) avait souffert, lui, d’une très grave arthrite déformante qui avait dû faire de lui durant bien longtemps avant la mort, un infirme...

HommeChapelleauxSaints-RoudierComment purent vivre ces infirmes dans une société si rude, si fruste, si démunie d’abondance, autrement que grâce à des sentiments de solidarité humaine, qui leur assurèrent nourriture et protection ?

Mais il y a plus, dans les échantillons de terrains pris à l’intérieur et au voisinage immédiat de la sépulture de Shanidar, l’analyse palynologique des sédiments entreprise par Arlette Leroi-Gourhan apporta la preuve évidente qu’une quantité impressionnante de fleurs avait été déposée dans et sur la tombe du défunt lors de son enterrement.

Placé sur un lit de rameaux de conifères et de bottes de fleurs, le cadavre fut littéralement recouvert de fleurs.

Des fleurs des lieux, aux teintes vives, hommage de la beauté, oui, mais aussi des fleurs de plantes médicinales (le tout apprécié à travers la nature des pollens identifiés). Pourquoi des fleurs de plantes médicinales ? Serait-ce pour que leurs vertus curatives assurent une meilleure santé au défunt dans le monde de l’au-delà ?

De toute façon, fleurir une tombe signifie apprécier bien humainement l’être humain qui s’y repose.

Bibliographie :

  • L'homme de la Chapelle-aux-Saints, Limoges, Culture & Patrimoine en Limousin,‎ 1998
  • Les origines de l'humanité, Pierre Carnac, Henry Veyrier Eds, 1991.
  • Article web : (Néanderthal parmi nous, par Jean Roche, mars 2001) https://www.hommes-et-faits.com/Dial/spip_article70.html
  • Leroi-Gourhan Arlette : « Le Néanderthalien IV de Shanidar », in Bulletin de la Société préhistorique française. Comptes rendus des séances mensuelles, tome 65, n°3, 1968. pp. 79-83.

Illustrations :

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